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A quelle heure faut-il se présenter à un rendez-vous en Suisse ? Comment planifier une réunion en Arabie saoudite ? De la ponctualité helvétique à la gestuelle temporelle saoudienne, les rouages du temps différent.
Pour comprendre ces subtilités temporelles, il faut explorer les racines culturelles qui affectent un nombre remarquable d’aspects de la vie quotidienne. De cette analyse culturelle du temps, Edward T. Hall identifie deux systèmes d’organisation distincts : les approches monochronique et polychronique.
Plongez dans cet article pour saisir ces mécanismes temporels et leurs conséquences pratiques dans les sphères professionnelles avant de vous lancer dans un projet international.
Ces informations vous fourniront les outils nécessaires pour vous adapter et cultiver des relations interculturelles fructueuses.
Approche de la ponctualité : deux conceptions du temps qui s’opposent
Edward T. Hall, anthropologue américain spécialisé dans l’interculturel, a été le pionnier dans l’étude des différentes approches culturelles du temps. Dans son ouvrage « La danse de la vie », il déclare que,« chaque culture a ses propres cadres temporels à l’intérieur desquels fonctionnent des modèles qui lui sont particuliers».
Edward T. Hall y identifie deux conceptions temporelles majeures qui s’opposent : la culture monochronique et la culture polychronique.
Définition
• La culture monochronique : Elle se caractérise par une perception linéaire du temps. Les individus de ces cultures, telles que les sociétés anglo-saxonnes, scandinaves et germaniques, ont tendance à effectuer une seule tâche à la fois de manière planifiée et séquentielle.
• La culture polychronique : Dans cette approche, les individus ont la capacité de gérer plusieurs événements simultanément, réalisant plusieurs actions en même temps. Ces cultures sont souvent associées aux sociétés d’Amérique latine, du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Asie.
Cartographie des perceptions temporelles dans le monde
La théorie dans la pratique des affaires
Maintenant que vous êtes familiarisé(e) avec ces deux approches, il est nécessaire de les analyser pour mieux les appréhender. Car, comprendre ces deux perceptions temporelles et les systèmes d’organisation qui en découlent offre des clés essentielles pour vous adapter à un environnement culturel spécifique, gérer efficacement les relations interculturelles et aboutir à des collaborations fructueuses.
La culture monochronique
Selon E.T. Hall, les sociétés occidentales adoptent une pensée linéaire, où chaque effet découle d’une cause. Il établit une connexion entre cette mentalité et les influences de la culture religieuse, motivée par le désir de maîtriser son environnement. Selon ET Hall, les individus des cultures monochroniques se focalisent sur les tâches.
Dans ces sociétés, le temps est perçu de manière à la fois linéaire et segmentée. Les monochrons adoptent une approche séquentielle. Cette organisation du temps implique l’exécution d’un projet à la fois, avec une hiérarchie constante des priorités, privilégiant l’ordre et la clarté. Le multitâche est perçu comme irrationnel.
Dans l’univers des individus monochroniques, les actions et le temps sont des éléments chronologiques à lister, planifier et organiser méthodiquement. La gestion stricte du temps et une planification rigoureuse sont les piliers qui orchestrent leur quotidien au travail.
Dans leur ADN professionnel, ils associent rapidité et réputation. Chaque délai, qui s’inscrit uniquement dans le court terme, est un engagement à suivre strictement. Cela implique une détermination sans faille et, si nécessaire, un acharnement au travail.
Pour ces acteurs, la productivité surpasse toute considération relationnelle. Pas question pour eux de se laisser interrompre ou distraire. Sur le lieu de travail, les relations prennent souvent une forme éphémère, ciblées sur des objectifs précis. L’individualité est mise à l’honneur, reléguant au second plan la dynamique d’équipe. Ici, l’échelle de progression se focalise sur l’atteinte des objectifs individuels.
Dans cet écosystème, les monochrons adhèrent aux stratégies et portent haut la valeur de la confidentialité.
L’ordre, la fiabilité et l’efficacité vont de pair avec la rationalisation du temps. Dans ce système d’organisation, le suivi rigoureux des horaires et d’un planning minuté s’impose, avec une aversion prononcée pour toutes perturbations dans le temps telles que les retards, les interruptions inopinées ou les discussions informelles. Les réunions sont cadencées selon un ordre du jour strict, les rendez-vous et négociations applaudissent la concision.
Dans cette culture monochronique, où le temps est considéré comme une ressource précieuse, la ponctualité est érigée en une norme incontournable. Arriver à l’heure, terminer à l’heure, et observer scrupuleusement les délais sont des impératifs profondément inscrits dans le quotidien.
Tout retard peut être interprété comme un manque de respect, laissant entrevoir une possible indifférence du temps d’autrui : « Mon temps prévaut sur le tien ».
La culture polychronique
L’approche polychronique, conceptualisée par Edward T. Hall, se caractérise par l’exécution simultanée de différentes tâches. Cette agilité découle d’une vision flexible et circulaire du temps. Dans cet univers, le temps s’écoule de manière fluide et abondante, échappant à toute notion de perte ou de gain.
Résolument tourné vers le multitâche, le système polychronique se caractérise par la gestion de multiples activités de manière synchrone. Ici, l’accomplissement des tâches prime sur leur échéance.
Dans ce cadre professionnel où les circonstances sont changeantes, les interruptions demeurent fréquentes. Elles s’accompagnent souvent de l’acceptation de nouvelles missions et de collaborations avec autrui, intensifiant ainsi cette dynamique multitâche.
Cette perception temporelle nécessite une flexibilité totale, tant individuelle que dans la gestion du temps. Les personnes polychroniques abordent leur travail de manière organique, suivant leurs propres processus intellectuels. Leur adaptabilité et leur polyvalence les rendent agiles face aux variations des circonstances et des priorités.
Cette flexibilité se matérialise dans une gestion du temps où ajustement des horaires, des plannings et des échéanciers et reprogrammations sont routiniers.
Dans ces cultures polychroniques, le temps dédié à la relation prime sur celui de la montre, les individus étant orientés vers les liens humains. Les frontières entre vie professionnelle et vie privée sont floues. Elles s’illustrent au travers d’interactions courantes dans la sphère des affaires, telles les invitations dans un cadre personnel. Les premières rencontres, libérées des contraintes horaires, débutent par des conversations informelles afin de connaître son interlocuteur. Dans cet univers, l’investissement dans des relations à long terme représente un levier clé du succès.
Dans le cadre professionnel, le travail d’équipe et la collaboration sont au coeur de ce système polychronique. Ces modes d’organisation reposent sur l’échange constant d’informations entre les membres de l’équipe, renforçant ainsi les liens et stimulant l’interaction.
L’ensemble du groupe travaille à un objectif commun : la réalisation des tâches au quotidien. Ainsi, une personne, qui achève sa part du travail, aidera ensuite les autres membres de l’équipe. Cette collaboration et les liens personnels, qui en résultent, forgent un fort sentiment d’appartenance à l’entreprise.
La souplesse de ce modèle temporel met la ponctualité à un rang secondaire.
Les individus polychroniques préfèrent attendre ou faire attendre plutôt que de subir le stress d’un horaire rigide.
Les priorités ne sont pas figées, les plannings sont sujets à modifications et les délais peuvent être réajustés en fonction des circonstances. Les arrivées tardives sont tolérées, car elles sont une composante naturelle de la flexibilité temporelle.
Quelle approche choisir ?
L’un de ces deux systèmes temporels est-il intrinsèquement meilleur que l’autre ?
Pour Edward T. Hall, la réponse est catégoriquement non. Que vous soyez un adepte inconditionnel de la ponctualité à la seconde près ou un maestro du multitâche temporel, il n’existe pas de vérité absolue quant à la manière de percevoir et d’utiliser le temps.
Chaque culture a sa propre logique, son propre ensemble de règles temporelles, avec ses avantages et ses inconvénients en matière de gestion du temps.
La notion de « meilleure » culture temporelle se révèle être un puzzle complexe.
Pour une implantation, le choix est fréquemment façonné par le tempo général de l’emplacement. En somme, pour être en phase avec le marché, il faut danser au rythme du lieu où l’on se trouve.
Lors de négociations jusqu’aux transactions, il demeure judicieux de privilégier la sensibilité temporelle de ses clients et de s’y adapter.
Dans le paysage de la globalisation, quelle que soit le contexte, l’important est d’adopter une intelligence culturelle.
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Plongez dans ce Livre Blanc et explorez les particularités de ces 14 pays réputés « les plus ponctuels » et « les moins ponctuels » où la notion de temps linéaire ou flexible est la plus marquée :
– La danse de la vie – Edward T. Hall (1983)
– Edward Hall : Monochronique et polychronique – Explorations Interculturelles Edward Sapir (09/06/2015)
– Monochronic vs. Polychronic Time: Cultural Differences in Time Management – Indeed 17/10/2023
– Monochronic vs. Polychronic cultures: What are The Differences? – VPlegacies (06/05/2020)
– The perception of time in different cultures – Jelena Mraovic Clockify.me (23/12/2021)
– The Cuture Map : Breaking Through the Invisible Boundaries of Global Business – Erin Meyer (2014)
Crédit : Business France – Direction V.I.E / Service Appui à la Vente
Rédacteur : Carine HELLEQUIN
Article publié le 10 septembre 2024